Crise climatique et responsabilité environnementale : l’Europe au centre de l’engagement ?
2024, année la plus chaude jamais enregistrée depuis que les mesures existent !
Dans son édition du 10 janvier 2025 , le journal « Le Monde » nous apprenait que l'année 2024 avait été la plus chaude depuis le début des relevés, avec une température moyenne mondiale supérieure de 1,6 °C par rapport à 1850. Ce dépassement de la limite de 1,5 °C, pourtant fixée par l'accord de Paris, souligne une fois encore l'urgence d'une action climatique d’envergure, alors que l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis le 5 novembre 2024 peut faire craindre un regain du climato-scepticisme et une diminution notable des investissements et des actions en faveur de l’environnement.
Mesures anti-environnementales prises par le gouvernement Trump !
L’édition du même journal « Le Monde » du 13 mars 2025 nous apprend que l’administration Trump annule plusieurs mesures en faveur de l’environnement qui avaient été prises par Joe Biden ! Une trentaine de mesures anti-environnementales sont à déplorer, en particulier l’annulation d’une décision qui avait été prise en 2024 par le gouvernement Biden exigeant des centrales à charbon qu’elles éliminent la quasi-totalité de leurs émissions de CO2, sous peine de fermeture, grâce aux technologies de captage de carbone. Mise en application en 2032, cette mesure aurait permis d’ici 2047 d’empêcher l’émission de près de 1,4 milliard de tonnes de CO₂, soit l’équivalent des émissions annuelles de 328 millions de voitures…Il n’en sera rien en a jugé le nouveau gouvernement des Etats-Unis.
Pourtant les émissions mondiales de CO₂ ont atteint un niveau record en 2024, avec 41,6 milliards de tonnes, marquant une augmentation de 0,8 % par rapport à 2023. Comment justifier un désengagement des pouvoirs politiques en faveur de la réduction de ces émissions ?
19 mars 2025 : un rapport alarmant de l’OMM !
A Genève, le 19 mars 2025, parait un rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dont les conclusions sont on ne peut plus alarmantes .
Il ressort de ce rapport de l’OMM que vous pouvez télécharger ici, en anglais, dans son intégralité: https://library.wmo.int/records/item/69455-state-of-the-global-climate-2024
les points suivants:
• La concentration atmosphérique de dioxyde de carbone n’a jamais été aussi élevée en 800 000 ans !
• Au niveau mondial, chacune des dix dernières années fait partie des dix années les plus chaudes jamais enregistrées.
• Chacune des huit dernières années a établi un nouveau record en matière de contenu thermique de l’océan.
• C’est au cours des 18 dernières années que l’on a observé les 18 étendues de glace de mer arctique les plus faibles.
• Les trois étendues de glace antarctique les plus faibles ont toutes été enregistrées ces trois dernières années.
• La plus importante perte de masse glaciaire triennale jamais enregistrée s’est produite ces trois dernières années.
• Le taux d’élévation du niveau de la mer a doublé depuis le début des mesures satellitaires.
Conclusion et perspectives sur la politique européenne environnementale
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Une action concertée et immédiate serait essentielle pour endiguer cette crise environnementale. Hélas, la situation géopolitique actuelle ne semble pas aller dans le bon sens.
L’Europe est en quelque sorte prise en tenaille entre les nouvelles orientations politiques de la première puissance mondiale, et le groupe des BRICS+ (le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine, l'Afrique du Sud, l'Iran, l'Égypte, les Émirats arabes unis, l'Indonésie et l'Éthiopie), qui se sentent trop peu concernés par les problématiques environnementales.
Plus que jamais notre continent se doit d’incarner une éthique et un sens des responsabilités qui prévaut sur l’aveuglement des dogmatismes politiques. Au-delà des partis, au- delà des frontières et des nationalismes, seule une perspective humaniste, fraternelle, et responsable, peut assurer, autant que faire se peut, un avenir pour les générations futures.
Dès lors, il semble important pour l’Europe :
• De continuer à mettre tous les moyens possibles dans une politique environnementale responsable, et de la renforcer.
• De maintenir ce cap, même si la majorité des autres puissances mondiales l’abandonnent.
• De convaincre autant que possible les autres nations de rejoindre cette politique européenne, seule à pouvoir à moyen et long terme maintenir la survie des générations futures.
• De prévenir par tous les moyens possibles, en particulier éducatifs, les votes extrémistes et populistes qui conduisent au pouvoir des programmes politiques environnementaux irresponsables et climato-sceptiques.
• De ne pas négliger la cause environnementale sous prétexte, dans le fond légitime, qu’il faut investir massivement dans la défense européenne. Environnement et indépendance de la défense européenne, doivent être deux priorités absolues et à valeurs égales dans les prises de décision politiques à venir.
Alexandre Rauzy, 8 mai 2025