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Colloque de Lausanne sur l'éducation

La définition du terme « éducation » est fondamentale. Eduquer vient du latin EDUCERE qui signifie conduire vers l’extérieur. Ce terme implique donc l’ouverture de l’être humain vers l’autre, vers tous les autres.
L’éducation ne peut donc être confinée à certains espaces, fussent-ils aussi spécialisés que les institutions scolaires.

L’éducation d’un enfant aux valeurs et principes fondateurs de la citoyenneté européenne relève bien sûr de l’enseignement d’une part mais, d’autre part, de l’action d’intervenants multiples : les parents, les amis, les Etats, les Institutions européennes qui tous, devraient parler d’une même voix, ce qui hélas est loin d’être le cas.

Les processus éducatif et démocratique sont donc intimement liés l’un à l’autre.
C’est dans la prise de conscience de ce lien et dans sa reconnance que le développement de l’éducation doit être conçu.
Un dialogue interculturel respectant la démocratie et donc les droits de l’homme est une part essentielle, constitutive de ce processus éducatif.

Le milieu scolaire est évidemment un espace privilégié pour la formation des futurs citoyens européens : il doit donc présenter certaines caractéristiques fondamentales qui permettront de promouvoir le concept d’éducation et de le rendre « opérant ».
L’éducation dispensée aux jeunes doit être conforme aux valeurs contenues dans les traités européens, développer la tolérance, et, par ce biais, amener pas à pas à une compréhension mutuelle et au respect de nos différences.

Tolérance évidemment ne signifie en rien « tout accepter ». Une référence permanente à la démocratie et aux droits de l’Homme doit présider à ces échanges. Nous ne pouvons transiger avec ces concepts qui sont ou devraient être les fondements de nos sociétés occidentales. Nous ne pouvons accepter, sous prétexte de pseudo références culturelles, des actes intolérables qui consistent en des agressions physiques ou psychiques. Nous ne pouvons accepter que l’égalité homme-femme ou les droits des enfants soient remis en question.

Chaque enfant doit donc pouvoir bénéficier d’une éducation citoyenne surtout si sa famille n’est pas en mesure de lui prodiguer. Il est indispensable par conséquent que l’Union européenne impose aux Etats qui la composent la scolarisation obligatoire de tous les enfants à partir de 3 ans et ce quel que soit leur statut, qu’ils soient natifs, résidents ou immigrants, en développant les incitants nécessaires à la réalisation de ce projet. Pour les adultes, un parcours éducatif visant à l’éducation à la citoyenneté devrait être mis sur pied en plusieurs étapes.

Il faut tout d’abord leur donner les moyens d’acquérir la maîtrise de la langue du pays ce qui leur permettra à terme de régler leurs problèmes administratifs, et de trouver du travail. En même temps, des cours « d’éducation civique » doivent les amener à l’acceptation des différences fondamentales existant entre l’organisation traditionnelle des pays dont ils sont originaires et la mixité sociale caractéristique des Etats européens. Ensuite, cette première étape franchie, les Etats membres devraient être obligés de mettre en oeuvre les mécanismes nécessaires à la participation des parents à l’éducation des enfants au travers d’un dialogue obligatoire avec les structures éducatives.

Hors de l’école, pour que tous deviennent, quel que soit leur âge, leur langue et leur formation, des citoyens européens à part entière, l’éducation doit reposer sur plusieurs piliers, incontournables pour la réussite de cette intégration. Les valeurs morales liées aux droits de l’Homme doivent être comprises et acceptées même si la remise en question d’un mode de vie et de pensée n’est pas chose aisée. 


Une participation à la vie sociale de la commune où ils sont installés est un moyen efficace pour ces primo-arrivants de lutter contre l’exclusion sociale, l’isolement qui mène au repli sur soi et renforce l’attachement aux traditions ancestrales, faussement sécurisantes dans un monde que ces hommes et ces femmes ne comprennent pas, isolement qui d’ailleurs peut mener à l’intégrisme et au fondamentalisme. Cette participation leur permettra de mieux comprendre notre organisation sociétale et développera leur conscience citoyenne.

Un accès permanent à la culture devrait être offert à tous car connaître la culture d’un pays permet de mieux le comprendre. Cet accès doit être gratuit. Il faudrait en outre protéger, conserver, restaurer et partager le patrimoine commun qui devrait être déclaré patrimoine universel. La compréhension de la richesse de chaque culture, de leurs points communs mais aussi de leurs différences, facilitera le vivre ensemble et combattra la pensée unique toujours réductrice. La créativité développée au travers de différentes associations conduira à une vision plus universaliste du monde indispensable à l’établissement d’une paix durable.


C’est à l’Union européenne de veiller à la mise en place de tous ces mécanismes éducatifs au niveau de ses Etats membres, de les inciter à appliquer ces réformes indispensables à l’émergence de cette notion de citoyenneté européenne qui fait cruellement défaut à l’heure actuelle.